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Simon Riche : médaille de bronze du CNRS 2016

La médaille Un soupçon de maths Une photo de Simon Riche

La médaille de bronze du CNRS

La médaille de bronze récompense le premier travail d'un chercheur, qui fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine. Cette récompense représente un encouragement du CNRS à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes.


Portrait par le CNRS

Aujourd’hui, l’une des branches les plus actives des mathématiques est celle de la théorie des représentations, qui étudie les symétries d’un objet. C’est sur ce terrain fertile que Simon Riche, du laboratoire de mathématiques Blaise Pascal (LMBP), laisse actuellement son empreinte. Plus précisément, il s’intéresse à la théorie modulaire des représentations des groupes algébriques réductifs. Dans ce domaine pointu, les contributions de Simon Riche forment, de l’avis des experts, un ensemble de tout premier plan : ses travaux pourraient en effet permettre de répondre de façon définitive à l’une des questions centrales de ce domaine, qui fait l’objet de recherches intenses depuis plus de trente ans. Chargé de recherche CNRS, Simon Riche a obtenu son doctorat en 2008 à l’université Pierre et Marie Curie. Parmi les faits marquants dans sa carrière : il a obtenu en 2015 une bourse ERC Starting Grant.

[Portrait en pdf]


Présentation par Clotilde Fermanian, directeur adjoint scientifique de l'INSMI

Présentation prononcée lors de la cérémonie de remise, le 15 novembre 2016

Mesdames messieurs chers collègues, cher Simon,

C'est un plaisir d'être ici à Lyon avec, en particulier, des collègues du laboratoire de Clermont-Ferrand que je vois dans la salle. C'est l'un des membres de ce laboratoire, Simon Riche, qui contribue à nous réunir ici.

Simon Riche est mathématicien, spécialiste de la théorie des représentations, une branche des mathématiques indissociable de la notion de symétrie, une branche fondamentale pour nombre de collègues, algébristes, mais aussi analystes, jusqu'à certains collègues physiciens ou chimistes qui aiment utiliser cette notion, notamment dans le cadre de la mécanique quantique. L'idée de base est d'étudier un groupe, c'est à dire un ensemble d'objets mathématiques, comme par exemple un ensemble de transformations du plan, des symétries ou des rotations; l'idée de base est d'étudier ce groupe en regardant comment il agit sur un espace donné. On utilise la géométrie comme une source d'informations sur ce groupe, une idée très porteuse en mathématique.

Simon, c'est dans ce cadre que tu as travaillé, plus spécialement dans le cadre de la conjecture de Lusztig. Je pense que tu vas nous en dire plus tout à l'heure mais je ne résiste pas à l'envie de dire quelques mots de cette conjecture. L'histoire d'une conjecture, c'est une sorte d'épopée mathématique, une quête, avec un certain nombre de protagonistes dont ce soir pour nous, Simon dans le rôle du preux chevalier qui fait surgir la lumière en pourfendant le dragon, la conjecture, évidemment. La naissance d'une conjecture, c'est le produit d'une sorte de rumination mathématique où, à force de remuer une idée dans sa tête, un mathématicien finit par dire « c'est comme cela que cela doit se passer ». On n'est pas encore à l'étape de la preuve où la rigueur et le formalisme mathématique interviendront, on est au stade de l'intuition, fruit de beaucoup de travail, des exemples que l'on gratte, Ah ces fameux petits calculs! de beaucoup de travail, de discussions avec les collègues et de beaucoup de réflexion personnelles au terme desquelles un certain consensus se fait parmi les spécialistes du domaine.

Alors, cette conjecture de Lusztig, elle nait en 1980. Elle porte sur les caractères des groupes réductifs, des données combinatoires qui caractérisent ces groupes. La conjecture est démontrée dans les années 90 dans le cas de « la caractéristique grande ». Coup de théâtre en 2013, Geordie Williamson produit un contre-exemple dans un des autres cas, la caractéristique plus si grande. La conjecture doit être améliorée. Simon et Geordie Williamson s'y attaquent et affinent la conjecture. Puis ils la démontrent dans le cas du groupe linéaire. Enfin, avec Pramod Achar, Simon s'attaque au cas des groupes quantiques de Lusztig et, tout récemment, ils démontrent la conjecture, avec Geordie Williamson et d'autres collègues.

Développement de nouvelles méthodes, apport de nouvelles idées, c'est pour ces contributions impressionnantes à la théorie des représentations que je suis heureuse de te remettre, au nom du président du CNRS, la médaille de bronze du CNRS.

Félicitations.


Revue de presse